Fanny Ardant mange la pasta avec les fachos 🍝

Fafa chez les faf' + La maison Chanel va-t-elle retourner sa veste ?

JALAPEÑEWS
3 min ⋅ 06/06/2024

CHAUD DEVANT

LE MONDE À L’ENVERS ~ En voyant le dernier numĂ©ro de Causeur, on a d’abord cru Ă  une blague. Un montage façon Grandpamini, une parodie. Mais non. Fanny Ardant a bien pris la Une du torchon d’extrĂȘme droite Causeur, pour une cause qui lui tient Ă  cƓur : dĂ©fendre son ami Polanski.

Dans une interview aussi longue et chiante qu’un film rĂ©alisĂ© par un boomer, l’actrice fait l’éloge de son ami, accusĂ© de viols et d’agressions sexuelles par une dizaine de femmes, et qui sera Ă  nouveau jugĂ© aux États-Unis pour viol sur mineure en 2025. Mais Fanny Ardant se livre surtout Ă  un exercice d’inversion de la rĂ©alitĂ©. Comme quand elle parle des femmes qui s’expriment dans le cadre de #MeToo, qu’elles dĂ©signent non pas comme des victimes, mais des bourreaux.

#MeToo serait en effet un mouvement qui fait rĂ©gner “la peur” sur l’ensemble de la sociĂ©tĂ©, un nouveau “maccarthysme” qui entraĂźne “la mort sociale” des hommes accusĂ©s. Ardant n’a d’ailleurs “jamais voulu ĂȘtre une victime”, dit-elle, comme si ce statut relevait du choix et qu’il Ă©tait infamant, plutĂŽt que les agissements des hommes qui humilient, harcĂšlent, violent et tuent.

Toute Ă  sa petite stratĂ©gie de renversement de la rĂ©alitĂ©, Fanny Ardant rejette en bloc “notre sociĂ©tĂ© capitaliste”, fait une dĂ©claration d’amour au cinĂ©aste italien d’extrĂȘme gauche Pasolini et cite mĂȘme Bakounine, philosophe et thĂ©oricien russe de l'anarchisme. Un moyen de se faire passer pour une grande rĂ©volutionnaire, alors qu’elle dĂ©fend en rĂ©alitĂ© l’ordre patriarcal et bourgeois, Ă  commencer par le cinĂ©ma de Papa : celui qui maltraite les comĂ©diennes sur les plateaux au nom de l’Art.

Si on voulait rĂ©sumer cette interview fleuve, qui saute d’une rĂ©fĂ©rence Ă  l’autre (Marguerite Duras, JĂ©sus, l’Iliade et le jardinage) pour finalement brasser plus d’air qu’un ventilo, on la qualifierait de chant du cygne. Non pas en raison de l’ñge de Fanny Ardant ou du dĂ©clin de sa carriĂšre, logique car le patriarcat qu’elle aime tant jette les actrices de plus de 40 ans Ă  la benne, mais Ă  cause de sa pensĂ©e d’un autre temps. On ne le dira jamais assez : pour bien vieillir, rien de pire que les conservateurs.

TAPAS DU JOUR

D-DAY ~ Emmanuel Macron cĂ©lĂšbre aujourd’hui les 80 ans du DĂ©barquement en direct de Normandie et s’adressera ce soir aux Français.es. Vivement demain.

ANTI-TERRO ~ Un Russo-Ukrainien de 26 ans a Ă©tĂ© placĂ© en garde Ă  vue mardi Ă  la DGSI aprĂšs l’explosion de bombes artisanales dans sa chambre d’hĂŽtel Ă  Roissy.

EN MODE CASTOR ~ Dimanche, on vote aux EuropĂ©ennes pour faire barrage Ă  l’extrĂȘme droite, qui menace les droits des personnes racisĂ©es, LGBTQI+ et des femmes.

HOT & POP

VA VIARD AILLEURS SI J’Y SUIS ~ Cinq ans aprĂšs la mort de Karl Lagerfeld, c’est une nouvelle Ă©tape pour Chanel : le dĂ©part de Virginie Viard, cinq ans en tant que directrice artistique des collections mode de la maison et trente annĂ©es de service rue Cambon, oĂč elle avait commencĂ© comme stagiaire.

Si sa nomination n’avait surpris personne – le Kaiser la surnommait son “bras droit et bras gauche Ă  la fois”, son dĂ©part semble tout aussi logique, tant ses collections avaient laissĂ© la fashion de marbre. Son dernier dĂ©filĂ©, le 2 mai dernier Ă  Marseille, avait mĂȘme suscitĂ© des critiques acerbes pour son manque d’inventivitĂ© et des choix stylistiques discutables.


Virginie Viard, la soixantaine discrĂšte, Ă©tait-elle vraiment Ă  sa place Ă  la DA d’une grande maison, Ă  l’heure oĂč l’industrie mise sur des stars (Pharrell Williams chez Vuitton) et des influenceurs Instagram (Simon Porte Jacquemus chez lui-mĂȘme) ? Chanel pourrait bien choisir sur un nom clinquant pour Ă©crire la suite, comme Hedi Slimane, actuellement chez Celine aprĂšs ĂȘtre passĂ© chez Yves Saint Laurent et Dior, avec Ă  la clĂ©, un impact Ă©conomique et artistique considĂ©rables – l’esthĂ©tique “heroin chic” des annĂ©es 2000 Ă  base de mannequins blafards et de pantalons slim taille double 0, c’était lui.

AprĂšs Lagerfeld, encore un homme aimant les femmes maigres Ă  la tĂȘte de Chanel ? Le choix serait cohĂ©rent, Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre enthousiasmant.

Jalapeñews est une newsletter de Coline Clavaud-Mégevand. DA Chiara Vecchiarelli.

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Par Coline Clavaud-Mégevand

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