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Par Coline Clavaud-Mégevand
6 juin · 2 mn à lire
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Fanny Ardant mange la pasta avec les fachos 🍝

Fafa chez les faf' + La maison Chanel va-t-elle retourner sa veste ?

CHAUD DEVANT

LE MONDE À L’ENVERS ~ En voyant le dernier numéro de Causeur, on a d’abord cru à une blague. Un montage façon Grandpamini, une parodie. Mais non. Fanny Ardant a bien pris la Une du torchon d’extrême droite Causeur, pour une cause qui lui tient à cœur : défendre son ami Polanski.

Dans une interview aussi longue et chiante qu’un film réalisé par un boomer, l’actrice fait l’éloge de son ami, accusé de viols et d’agressions sexuelles par une dizaine de femmes, et qui sera à nouveau jugé aux États-Unis pour viol sur mineure en 2025. Mais Fanny Ardant se livre surtout à un exercice d’inversion de la réalité. Comme quand elle parle des femmes qui s’expriment dans le cadre de #MeToo, qu’elles désignent non pas comme des victimes, mais des bourreaux.

#MeToo serait en effet un mouvement qui fait régner “la peur” sur l’ensemble de la société, un nouveau “maccarthysme” qui entraîne “la mort sociale” des hommes accusés. Ardant n’a d’ailleurs “jamais voulu être une victime”, dit-elle, comme si ce statut relevait du choix et qu’il était infamant, plutôt que les agissements des hommes qui humilient, harcèlent, violent et tuent.

Toute à sa petite stratégie de renversement de la réalité, Fanny Ardant rejette en bloc “notre société capitaliste”, fait une déclaration d’amour au cinéaste italien d’extrême gauche Pasolini et cite même Bakounine, philosophe et théoricien russe de l'anarchisme. Un moyen de se faire passer pour une grande révolutionnaire, alors qu’elle défend en réalité l’ordre patriarcal et bourgeois, à commencer par le cinéma de Papa : celui qui maltraite les comédiennes sur les plateaux au nom de l’Art.

Si on voulait résumer cette interview fleuve, qui saute d’une référence à l’autre (Marguerite Duras, Jésus, l’Iliade et le jardinage) pour finalement brasser plus d’air qu’un ventilo, on la qualifierait de chant du cygne. Non pas en raison de l’âge de Fanny Ardant ou du déclin de sa carrière, logique car le patriarcat qu’elle aime tant jette les actrices de plus de 40 ans à la benne, mais à cause de sa pensée d’un autre temps. On ne le dira jamais assez : pour bien vieillir, rien de pire que les conservateurs.

TAPAS DU JOUR

D-DAY ~ Emmanuel Macron célèbre aujourd’hui les 80 ans du Débarquement en direct de Normandie et s’adressera ce soir aux Français.es. Vivement demain.

ANTI-TERRO ~ Un Russo-Ukrainien de 26 ans a été placé en garde à vue mardi à la DGSI après l’explosion de bombes artisanales dans sa chambre d’hôtel à Roissy.

EN MODE CASTOR ~ Dimanche, on vote aux Européennes pour faire barrage à l’extrême droite, qui menace les droits des personnes racisées, LGBTQI+ et des femmes.

HOT & POP

VA VIARD AILLEURS SI J’Y SUIS ~ Cinq ans après la mort de Karl Lagerfeld, c’est une nouvelle étape pour Chanel : le départ de Virginie Viard, cinq ans en tant que directrice artistique des collections mode de la maison et trente années de service rue Cambon, où elle avait commencé comme stagiaire.

Si sa nomination n’avait surpris personne – le Kaiser la surnommait son “bras droit et bras gauche à la fois”, son départ semble tout aussi logique, tant ses collections avaient laissé la fashion de marbre. Son dernier défilé, le 2 mai dernier à Marseille, avait même suscité des critiques acerbes pour son manque d’inventivité et des choix stylistiques discutables.


Virginie Viard, la soixantaine discrète, était-elle vraiment à sa place à la DA d’une grande maison, à l’heure où l’industrie mise sur des stars (Pharrell Williams chez Vuitton) et des influenceurs Instagram (Simon Porte Jacquemus chez lui-même) ? Chanel pourrait bien choisir sur un nom clinquant pour écrire la suite, comme Hedi Slimane, actuellement chez Celine après être passé chez Yves Saint Laurent et Dior, avec à la clé, un impact économique et artistique considérables – l’esthétique “heroin chic” des années 2000 à base de mannequins blafards et de pantalons slim taille double 0, c’était lui.

Après Lagerfeld, encore un homme aimant les femmes maigres à la tête de Chanel ? Le choix serait cohérent, à défaut d’être enthousiasmant.

Jalapeñews est une newsletter de Coline Clavaud-Mégevand. DA Chiara Vecchiarelli.