Élisabeth Borne ressort le 49.3 + Marina Abramović ne montre pas que des gens à poil
BORNE JOUEUSE ~ “Jamais onze sans douze”. Voilà sans doute ce que s’est dit hier soir Élisabeth Borne en franchissant le seuil de l’Assemblée nationale, où était débattue la loi de programmation des finances publiques 2023-2027 (LPFP pour les intimes). Moins de trois heures de discussion plus tard, la Première ministre n’a pas hésité à sortir un 49.3 de sa manche, pour la douzième fois depuis sa prise de fonction.
Pas vraiment une surprise, puisqu’un peu plus tôt dans la journée, le Conseil des ministres avait donné le feu vert à Élisabeth Borne et qu’elle avait, ces derniers jours, affiché sa stratégie dans la presse. À savoir faire passer coûte que coûte la LPFP, un texte qui définit la trajectoire budgétaire du gouvernement jusqu'à la fin du quinquennat et qui prévoit une réduction du déficit public, afin de permettre à la France d’atteindre les objectifs fixés par l’Union européenne. Et de rafler, tenez-vous bien, un jackpot de 40 milliards d’euros, qui devrait nous être versé en trois tranches.
Mais pourquoi cette cagnotte, votée par l’UE dans le cadre du plan de relance européen durant la crise Covid, n’a pas encore été débloquée ? Parce que la LPFP, rejetée il y a un an en première lecture, n’est toujours pas ratifiée, affirme le gouvernement. Sauf que ça, ça se discute, d’après ses opposant.e.s. Les centristes du groupe LIOT expliquent avoir bien lus tous les textes européens (genre ??) et ne pas avoir trouvé trace d’un conditionnement strict du déblocage des fonds à l’adoption d’un tel texte, rapporte Mediapart. Quant à la Nupes, elle veut contrer avec une motion de censure la LPFP, qui entraînerait forcément plus d’austérité et donc, “une maltraitance sociale et écologique”, selon la députée LFI Mathilde Panot.
Pas de quoi inquiéter sérieusement la majorité, car une motion de censure a peu de chances de passer. Ce douzième 49.3 est même un bon moyen de s’échauffer. Dans les prochaines semaines, plusieurs projets sensibles seront examinés à l’Assemblée : la loi finance, le financement de la sécurité sociale pour 2024, la loi Darmanin sur l’immigration... Bref, Élisabeth Borne va pouvoir continuer d’abattre sa carte maîtresse (#rebelote).
~ “Il est clair qu’il s’agit d’une épuration ethnique”, dénonce l’ambassadrice de la République d’Arménie en France après les opérations militaires de l’Azerbaïdjan au Haut-Karabakh.
~ Neuf étudiant.es juif.ves sur dix disent avoir été victime d’au moins un acte antisémite durant leur vie étudiante, révèle une enquête de l’Ifop publié ce jour dans le Parisien.
~ Kadidiatou Diani a déposé plainte pour agression sexuelle contre son ancien entraîneur au PSG Didier Ollé-Nicolle. On espère un tollé Ollé et un #metoo du foot féminin français.
RÉTRO, C’EST TROP ? ~ Si comme nous, vous passez votre vie sur les réseaux, vous avez probablement vu des images de la Royal Academy of Arts de Londres qui présente, depuis le 23 septembre et jusqu’au 1er janvier 2024, une grande rétrospective consacrée à Marina Abramović. Konbini et consort ont évidemment sauté sur l’occasion pour proposer des vidéos bien buzz, bien “téma les gens à poil”, puisque l’artiste serbe de 76 ans a toujours aimé travailler sur la gêne, l'intime et donc, la nudité. Alexane Pelissou, journaliste spécialiste d’art contemporain et autrice de la newsletter Manie (on s’abonne ici), explique : “Marina Abramović est connue pour faire de l’art corporel. Ses œuvres incluent un corps (souvent le sien) voire plusieurs corps, avec comme volonté de choquer. Mais pas gratuitement : elle part du principe que la vie est souffrance et que seules les réactions fortes peuvent créer de la compréhension, de l’énergie”.
La flemme est présente
Malheureusement, dans de nombreuses vidéos et articles consacrés à la rétrospective, on retient seulement le fait qu’Imponderabilia, l’une des œuvres présentées, se visite en passant entre un homme et une femme entièrement dévêtu.es et face à face, à une distance si réduite qu’on est forcé.e de les frôler. Shocking, isn’t it ? Eh bien pas assez, selon une autre partie de la presse, qui déplore qu’Abramović soit devenue trop soft, ce qui n’était pas dans ses habitudes.
“Marina Abramović a poussé très loin les limites de son art, rappelle Alexane Pelissou, jusqu’à flirter avec sa propre mort. À Naples, en 1976, elle a par exemple présenté “Rhythm 0”, une performance durant laquelle le public était invité à utiliser comme bon lui semblait divers objets directement sur elle : un journal, un gâteau au chocolat… Mais aussi, des paires de ciseaux, des couteaux et un pistolet chargé”.
“Rhythm 0”, performance où l'artiste a été blessée et menacée de mort.
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