Sardou en toupie sur le féminisme + une star du cinéma disparaît (et c'est pas Dumbledore)
GROSSE FATIGUE ~ Déjà qu’on avait du mal à accepter le retour du Laurent “Je rigole de mes propres blagues” Ruquier, qui anime depuis ce lundi un JT quotidien sur BFM TV, voilà qu’il reçoit la crème de la flemme sur son plateau. Hier soir, c’est un Michel Sardou très en forme qui était invité. En forme de quoi ? De vieux réac’, pardi ! Dans une séquence en train de devenir virale sur les réseaux, on voit l’homme à la tête de gnou s’exprimer sur son sujet préféré : la société qui part en couille, ou plutôt, en ovaires. "Je déteste le féminisme, s’agace-t-il, je déteste le wokisme, je hais ce siècle. Je hais tout. Je quitte Paris parce que je ne supporte plus Paris. C’est insupportable, c’est laid, c’est moche. Je ne comprends plus ma rue, je ne sais plus où j’habite."
On serait tenté.e de répondre que personne ne le retient ni en Île-de-France, ni dans ce monde si relou avec ses prêchi-prêcha sur l’égalité. Heureusement, il nuance : “Les femmes ont raison de se défendre, de demander leurs droits (...), de réclamer le même salaire que les hommes, je trouve ça complètement juste. Par contre, qu’elles n’en fassent pas trop ! Qu’elles aiment un peu les hommes !”.
C’est vrai, les filles, forcez-vous un peu, ils sont super, les mecs ! Et puis, détendez-vous deux secondes… On n’est pas bien, là, à baigner les arpions en l’air dans un bon bain de patriarcat ? L'épouse du chanteur l'a compris, puisqu'à la maison, "C'est elle qui s'occupe de tout", explique Sardou à un Ruquier hilare. Je suis peinard, je ne fais rien. Là, on va déménager, je m'occupe de rien du tout (...) Tout se fait tout seul." Anne-Marie, cligne des yeux si tu veux qu’on vienne te délivrer !
On plaisante, on plaisante, mais il faut tout de même se rappeler que des millions de Français sont d’accord avec le message de Michel Sardou. Puisqu’il s’exprime tout haut sur une grande chaîne de télé, pourquoi ne pas penser comme lui, parler comme lui et même, traiter les femmes comme lui ? Et gare à celles qui protesteraient ! On se souvient qu’en août dernier, Juliette Armanet avait été harcelée et avait dû envoyer un mail d’excuses au chanteur pour s’être moquée des “Lacs du Connemara”. Un symbole des fins de soirées d’écoles de commerce, où l’élite de la nation se biture avant de vomir sur la moquette du Uber (“En même temps, le mec est payé pour nettoyer”), mais aussi des rallyes mondains et autres célébrations bourgeoises, ses lieux où l’on trouve les fans de Sardou. Des archétypes dont on a envie de se moquer ? OK, mais alors sans oublier qu’ils ont un pouvoir de nuisance réel : celui de nous imposer leurs codes culturels et leur vision du monde faisandée.
Avec cette nouvelle saillie réactionnaire, Sardou montre bien que les dinos de notre société sont une espèce menaçante et certainement pas menacée.
~ Au Haut-Karabakh, l'exode de dizaines de milliers d'Arménien.nes continue, alors que les séparatistes ont annoncé hier que leur république autoproclamée cessera d'exister au 1er janvier 2024.
~ En France, l'inflation se maintient à 4,9% sur un an en septembre, annonce l'Insee ce matin. Par contre, aucune info sur le cours du homard bleu.
~ Punaises de lit : Clément Beaune va convoquer les opérateurs de transports. Et contre le cafard de l’Interieur, on prévoit quoi ?
MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE ~ Sale semaine pour les arbres. Tandis qu’en France, l'abattage des platanes se poursuit sur le trajet de l’autoroute 69, en Angleterre, dans le parc national du Northumberland , un érable a été coupé net dans la nuit du mercredi 27 au jeudi 28 septembre. Et pas n’importe lequel : une véritable star du monde végétal, rendue mondialement célèbre grâce au film Robin des Bois, prince des voleurs, de Kevin Reynolds, sorti en 1991. Dans la scène qui l’a révélé au grand public, on voit Costner et Freeman déambulant sur des fortifications romaines – le célèbre mur d’Hadrien – tandis que l’érable se dresse, majestueux, en arrière-plan.
Qui a bien pu s’en prendre à Sycamore Gap (c’était son nom), l’un des arbres les plus photographiés du pays, qui gît maintenant sur l’herbe verte ? Le principal suspect est un adolescent de 16 ans, arrêté rapidement par les autorités, mais dont les motivations restent inconnues.
Pour les habitant.es de la région, ce n’est seulement une célébrité qui est tombée, mais un morceau de leur âme, explique Jamie Driscoll, maire de l’autorité combinée du nord de Tyne (un regroupement de plusieurs communes). Sophie Henderson, photographe de paysage et grande amoureuse de Sycamore Gap, expliquait jeudi avoir éclaté en larmes en apprenant la nouvelle. Sur Instagram, une internaute se lament : “C’est comme un décès”, ce à quoi une autre répond : “C’en est un”.
L'affaire n’est pas anecdotique, d'abord parce qu'elle survient dans un contexte de tension extrême autour de la protection de l'environnement et en particulier, des arbres, nos grands alliés dans la lutte contre la pollution et le réchauffement climatique. Elle nous rappelle aussi que notre rapport au vivant – les plantes, les animaux, les eaux... – n'est pas seulement utilitaire mais aussi, sentimental, à condition de prendre le temps de se connecter avec lui. Et de courir le risque de souffrir face à sa destruction. Bouleversée par l’abattage de Sycamore Gap, Sophie Henderson écrit sur Instagram : "Je sais que beaucoup de gens vont dire 'Ce n'est qu'un arbre'", mais c'est tellement plus que ça". Reposes en paix, vieille branche.
Jalapeñews est une newsletter de Coline Clavaud-Mégevand. DA Chiara Vecchiarelli.
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